Ni beaux ni laids

Ni beaux ni laids

Lallo

Lallo habite avec ses parents dans une contrée lointaine. En face de la maison, se dresse un énorme rocher.

 

Sculpté par le temps et les vents, cette grosse roche ressemble à une chevrette.

 

La maman de Lallo, Chumani, raconte que les femelles chevreuil, protègent toujours leurs petits. Chamoni 

 

dépeint avec justesse, les visions qu’elle a de ces petits chevreuils qui  se bousculent pour boire la rosée du

 

matin.

 

Chaque jour, Lallo se réfugie derrière cette pierre dure mais chaude comme les rayons du soleil. Lallo lui

 

confie ses joies, ses tourments et ses secrets. C’est la tombe de mes ancêtres, pense Lallo.

 

Derrière la grosse pierre, la forêt est immense. Son père, Adahy, serait né dans ce bois. Lallo ne questionne

 

pas; il écoute et il retient les légendes de sa tribu.

 

Lallo caresse les crevasses de la vie sur ce visage familier. Son père, Adahy, lui a parlé des grandes jambes

 

de ce rocher qui s’étaient creusées à même la terre, le jour dela Création.

 

 

 

Cette pierre est magique, elle garde à jamais tous les espoirs et les désespoirs humains. La pluie qui lui sert

 

de larmes, sèche tout doucement.

 

C’est pourquoi, Lallo  se blottit tout contre elle pour sentir son cœur résonner à travers elle. Lallo aime croire

 

qu’il touche ainsi le cœur et l’esprit.

 

Pour Lallo, la douceur et la sensibilité font corps avec la force et la puissance. Comme ses parents, il y a

 

union entre Lallo et la pierre.

 

Une fois ou deux, au début de l’hiver, le regard de Chumani devient plus sombre. En homme fier mais

 

tendre, il entoure les épaules de sa compagne et lui dit simplement :

 

-          Ne t’en fait pas, ma biche. Je ne prendrai que le nécessaire.

 

Puis il disparaît dans cette immense forêt pendant plusieurs jours. Au retour, il allume un feu et il remercie la

 

terre, la forêt, la nature de lui donner ce dont ils ont besoin pour vivre.

 

Et, comme toujours, maman revêt cette magnifique robe de peau, couleur de terre et de rosée pour

 

chanter l’amour et la liberté.

 

Un automne, Adahy ne revint pas. Chumani de ses bras, entoura à son tour les épaules de son fils et dit :

 

-          La terre n’apporte que ce dont elle a besoin. Ton père est né dans la forêt et la forêt l’a rappelé à elle.

 

Tous les jours, Lallo apercevait sa mère se coucher sur le sol. Avec ses larmes, elle apportait la rosée tous

 

les matins.

Les années passèrent et un jour, Lallo quitta cet endroit de calme et de plénitude.

 

Lallo repense encore à toutes ces paroles de sagesse et aux larmes de sa mère qui, couchée à même le sol,

 

apportait la rosée tous les matins. Comme la chevrette, elle continuait de protéger ses petits.

 

Regardant pour une dernière fois la chevrette, Lallo pense à tous les enfants qui, avant lui,  et après lui, se

 

réfugieraient derrière ce gros rocher.

 

Un sourire apparaît sur les lèvres de Lallo. Le temps est venu de céder sa place.

 

 

Signification des noms :

 

Lallo - enfant

 

Chumani - goutte de rosée 

 

Adahy – celui qui vit dans les bois

 

 



19/11/2012
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