Ni beaux ni laids

Ni beaux ni laids

CHÈRE AMIE

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CHÈRE AMIE

 

 

Assises à leur table comme chaque semaine

Deux amies bavardent. Les têtes rapprochées, elles se sourient

Autant des yeux que de la bouche. Elles aiment

Se dire que leur amitié est aussi grande que l’amour

Le cœur dénudé, elles inventent à leur manière ce qu’elles nomment l’amitié.

La véritable amitié que l’on rêve d’avoir un jour. Elles ne voient rien de ce qui passe autour

D’elles. L’univers est à leurs pieds. Le mari, les enfants et les petits-enfants un jour

Pendant trente ans, elles se courtisent sans mensonge ni détours.

Elles se projettent dans le futur. Plus vieilles, plus sages, mais toujours

Confiantes. Elles se trouveront toujours un peu de temps pour se raconter, pour se réconforter

Pour rire, pour fêter, pour entretenir ce privilège. Les souvenirs s’accumulent.

Puis, un jour, le temps devient de plus en plus rare. Elles se dessinent un sourire sur le visage lorsqu’elles se  croisent, mais tout change…

L’amitié ressemble à l’amour. Lorsqu’il s’éteint, cela fait mal

Ce n’est pas banal

Elles s’étaient inventé un monde et il était beau.

Elles caressaient le rêve de se voir encore chaque semaine et de partager leur vieillesse

Comme elles avaient partagé leur jeunesse

Pourtant, les enfants sont grands, les petits-enfants sont présents, mais

Elles ne se trouvent plus de temps pour dire ce qu’elles ressentent au fond de leur cœur.

 

Assise dans le salon, j’allonge le bras

Mon café est froid

Je vois défiler des images

De grands morceaux de complicité

Sur le quai d’une gare un jour ou un soir

Aucun au revoir ni adieu

Au plus un «  on se téléphone »

Lorsqu’elles se croisent par hasard

La magnifique histoire d’amitié s’en est allée quelque part, loin

Mon café est froid

J’ai eu beau le réchauffer

Il reste froid

Avec un goût un peu amer

Cette perte me frappe comme un coup de poing au cœur

 

 

Chère grande amie

Ta présence me manque

Ton absence me griffonne le cœur

Cette lettre dévoile ma peine

Le vent a balayé notre amitié

Loin. Je tente de puiser

Au fond de moi l’émotion soudaine

Qui m’habite.

Au bout de ma voix, le silence

Dans mon coffre-cœur

Tu es restée

 

Artiste-peintre Helene Miaz

 

 



06/04/2015
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